Séquence - MUSIQUE et SOCIÉTÉ de CONSOMMATION

En quoi la musique participe-t-elle à une société de consommation de masse ?

Comment les musiciens peuvent-ils au contraire dénoncer ce modèle de société ?

Connaissez-vous des artistes qui militent pour un autre art de vivre que celui d'acheter ?

Séquence - MUSIQUE et SOCIÉTÉ de CONSOMMATION

Depuis les Trente Glorieuses, époque de prospérité et de croissance économique en France, les modes de vie ont été conditionnés par la consommation à tout prix !

J'achète, donc je suis... pourrait être le slogan qui résume une société basée sur l'objet, le shopping, les centres commerciaux géants, relayés désormais par les achats en ligne... jusqu'à ce que la limite soit atteinte : défiguration des paysages, superficialité des esprits, précarisation des ménages et endettement colossal du pays.

Et la musique dans tout ça ? Nous verrons dans cette séquence son appropriation par les marques pour faire vendre, mais aussi ses actes de rébellion par des chansons qui tentent d'éveiller les consciences.

Wild Thing, The Troggs

Séquence - MUSIQUE et SOCIÉTÉ de CONSOMMATION Hendrix

Pour ce spot vantant l'élixir masculin Sauvage de la marque Dior, avec Johnny Depp en vedette, c'est directement un instrument de musique qui est au cœur du message. La guitare électrique est saisie par l'acteur, puis jouée sur les notes de Wild Thing : ce titre de 1965 fut un succès du groupe The Troggs, puis repris par le grand Jimi Hendrix.

La symbolique sauvage est renforcée par le paysage désertique, la nuit tombante, et l'animalité du loup hurlant.

Les Choses, Goldman

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Ça ne date pas d'hier, puisque c'était en 2001. Jean-Jacques Goldman était de sortie avec l'album Chansons pour les pieds. Parmi la douzaine de titres présents, et au milieu des succès phares comme Tournent les violons ou Et l'on n'y peut rien, il y avait ce titre : Les choses. Une chanson dans un style pop, très simple, qui décrit la quête d'identité des adolescents et des adultes à travers les possessions et les marques. Nous avons le recul d'une vingtaine d'années maintenant, alors, qu'est-ce qui a changé ?...

Je prie les choses, et les choses m'ont pris - Elle me posent, elles me donnent un prix - Je prie les choses, Elles comblent ma vie.

Prélude de L'Arlésienne, G. Bizet

Séquence - MUSIQUE et SOCIÉTÉ de CONSOMMATION - Bizet

Chez les publicitaires, on a une forte tendance à aller puiser dans le répertoire de la musique classique. Il est vrai qu'avec grosso modo quatre siècles englobés et des milliers de compositions, on a de quoi trouver des airs qui font tilt dans l'oreille du consommateur.

Ici, par exemple, pour cette voiture haut de gamme, on est allé chercher une musique de scène de Georges Bizet, datée de 1872.

Comme l'indique le slogan Le raffinement pour seul guide, il fallait une musique qui exprime l'élégance. Alors, on a remplacé à cet effet le symphonique d'origine par du piano dans un registre aigu, avec quelques rythmes de studio pour le côté techno de l'auto.

Je veux, Zaz

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Cet titre à succès appartient à l'album appelé Zaz, né en 2010, sur des inspirations musicales folks et jazz manouche. Dans Je veux, la chanteuse exprime sa différence et sa prise de distance vis-à-vis d'une société de consommation, ou d'un train de vie de richesse et de luxe dans lesquels elle ne se reconnaît pas... Donnez-moi une suite au Ritz, je n'en veux pas, Des bijoux de chez Chanel, je n'en veux pas. Ses idéaux sont ailleurs : Je veux d'l'amour, d'la joie, de la bonne humeur...

La Complainte du Progrès, B. Vian

Séquence - MUSIQUE et SOCIÉTÉ de CONSOMMATION années 1950

En 1956, l'écrivain et musicien Boris Vian écrit une chanson satirique contre la société de consommation. Celle-ci est illustrée par une affluence folle au Salon des arts ménagers, un rendez-vous annuel à Paris.

Avec ironie, il déplore que l'image de la femme en soit réduite à des biens de cuisine et d'électroménager : frigidaire, pelles à gâteaux, tourniquette, coupe-friture, chauffe-savates...

L'énumération est aussi humoristique que fantaisiste, mais c'est bel et bien la perte des valeurs humaines, au profit des choses matérielles, qui est pointée.

Les Temps Modernes, C. Chaplin

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Avec une musique essentielle pour ce film muet, Modern Times (1936) dénonce une société industrialisée, qui aboutira à la consommation de masse. Contexte historique : En 1911, l'ingénieur économiste Franck Taylor crée l’Organisation Scientifique du Travail et donne naissance au Taylorisme : un principe d'automatisation de la production dans les usines, faisant de l'homme un simple rouage de la machine industrielle.

La crise frappe les États-Unis en 1929 et la pauvreté envahit les rues. Chaplin entreprend alors un voyage de 18 mois autour du monde et rencontre des personnalités comme Gandhi ou Einstein. À son retour, il s'attelle durant plusieurs années à la réalisation de ce film, satire burlesque du modèle social américain. Argument : Charlot, ouvrier sur une chaîne de production, a pour tâche quotidienne de resserrer des boulons... Vite aliéné par les cadences qu'on lui impose, il tombe dans la folie en voulant resserrer tout ce qui lui passe sous la main ! S'ensuivent un séjour à l'hôpital, le chômage, la prison...

Rendez-nous la lumière, Dominique A

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Victoire de la Musique en 2013, Dominique A, dans Rendez-nous la lumière, dénonce cette société de consommation et d'urbanisation à outrance, qui va à l'encontre du beau et de l'écologie :

On voit des autoroutes, des hangars, des marchés,

De grandes enseignes rouges et des parkings bondés,

On voit des paysages qui ne ressemblent à rien,

Qui se ressemblent tous et qui n'ont pas de fin.

Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté,

Le monde était si beau et nous l'avons gâché.