Carmina Burana - C. ORFF

séquence musique Carmina Burana

Soprano, ténor et baryton solistes, chœur de garçons, chœur mixte et grand orchestre, ainsi se présente l'imposant effectif auquel s'adresse cette puissante cantate scénique de l'allemand Carl ORFF. Le grand public en reconnaît le célèbre chant "O Fortuna", repris dans de nombreux films ou même en beatbox (voir en bas de page).

 

Origines de l’œuvre : Carmina Burana veut dire "Chansons de Beuern", du nom du monastère de Benediktbeuern dans les Alpes Bavaroises. C'est là que fut précisément retrouvé en 1803 un manuscrit anonyme renfermant une série de chants, attribués à des poètes vagabonds inconnus des XIIe et XIIIe siècles.

 

Ceux-ci se livrent à une attaque des pouvoirs de l'État et de l'Église, fustigent l'appât de l'or, les affres de la richesse et l'éducation rigide. Ils louent au contraire des thèmes alors profanes (en opposition au sacré religieux) : l'amour, les plaisirs de la chair, le jeu, l'alcool, et la nature retrouvée au Printemps.

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Guide de l'enseignant sur le Chant (cliquez sur l'image pour voir la page de présentation)

Le livret, constitué par Carl Orff pour son œuvre finale, reprend 24 de ces poèmes médiévaux inclus dans le recueil Carmina Burana. Les textes sont en Latin, en ancien allemand et ancien français.

 

La création eut lieu à Francfort le 8 juillet 1937. Le gouvernement de l'Allemagne nazie fut d'ailleurs mal à l'aise avec certains textes à connotation érotique dans cette œuvre. Le compositeur Orff posa, quant à lui, la première pierre d'une trilogie musicale, comprenant aussi Catulli Carmina en 1943 et Trionfo di Afrodite en 1953.

Le chant "O Fortuna" extrait des Carmina Burana, interprété avec chœur et orchestre.

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Carl ORFF, compositeur de "Carmina Burana"

ANALYSE : La structure de l’œuvre suit le mouvement de la Roue de la Fortune. Cette roue qui symbolise l'inconstance de Fortuna, divinité du destin, qui nous élève et nous rabaisse.

 

Avec ses rythmes insistants, ses couleurs brutes, son énergie physique, sa grandiloquence primitive, l’œuvre est incroyablement captivante d'un point de vue sonore.

Carl Orff se distingua musicalement des compositeurs de son époque (Béla Bartok ou Arnold Schönberg) qui entraient dans une nouvelle ère, avec des langages de composition très théoriques et complexes. Lui voulait une musique plus directe, plus accessible, et finalement très communicative.

 

La forme simplifiée de Cantate (chants, chœurs et orchestre), par laquelle sont aujourd'hui souvent interprétés les Carmina Burana, oublie que l’œuvre avait été pensée pour inclure une véritable mise en scène, avec des parties dansées et des décors importants. Heureusement, dans le cadre de festivals ou de grandes représentations d'été, on met les moyens pour reconstituer un spectacle global, à la hauteur de l'histoire exceptionnelle de ces chants.

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Beatbox : Le groupe français Berywam réalise une performance artistique basée sur l'air O Fortuna, tiré des Carmina Burana de Orff.

Film : Dans le film-culte des années 1980 Excalibur (1981), inspiré de la légende médiévale du Roi Arthur et de son épée, le réalisateur John Boorman confie la musique au compositeur Trevor Jones. Celui-ci inclut alors des extraits de Carmina Burana pour les scènes héroïques, et reprend comme idée commune l'impossibilité d'échapper à son destin.