Introduction : Procédé de composition très exploité dans l'histoire musicale, la musique descriptive se définit comme le "tableau sonore" d'une scène de vie ou de nature : description d'une rivière, d'un orage, d'un animal, d'un personnage, d'une promenade... Évoquer, décrire, imiter, utiliser les moyens offerts par l'orchestre, voilà qui inspira bien des compositeurs comme Rimski-Korsakov (Vol du bourdon), Saint-Saëns (Danse macabre), Mendelssohn (Les Hébrides), Respighi (Les Pins de Rome), Franck (Le chasseur maudit) ou Rameau (La Poule).

Quelques questions : Pourquoi les compositeurs cherchent-ils à reproduire musicalement ce qu'ils observent ? - Comment différencier musique à programme et musique descriptive ? - Quels moyens sonores ou musicaux sont utilisés dans les œuvres descriptives ? - Si vous étiez compositeur, comment décririez-vous un paysage, un lieu, un animal ?

Contexte : C'est en 1899 que le compositeur russe Nicolaï Rimski-Korsakov aborde son nouvel opéra Le Conte du Tsar Saltan. Inspiré d'un conte de Pouchkine, il est composé pour le centenaire de la naissance de l'écrivain.  La première a lieu à Moscou le 3 décembre 1900. Dans l'acte 3, le jeune Prince Gvildon Saltanovitch est transformé en bourdon afin de rencontrer enfin son père et revoir son pays (il en a été rejeté à sa naissance à la suite d'un complot).

Commentaire musical : Cette page orchestrale Le Vol du bourdon a été l'objet de multiples transcriptions instrumentales. Avec ses envolées chromatiques tournoyantes et ultra-rapides, elle est un défi de virtuosité et de maîtrise pour les musiciens.

Contexte : Poème symphonique créé à Paris en 1875, La Danse Macabre avait pour argument un poème d'Henri Cazalis (poète symboliste français du XIXe), qui s'inspira de textes et peintures des danses macabres du Moyen Âge.

Extrait : Frappant une tombe avec son talon, La mort à minuit joue un air de danse, Zig et zig et zag, sur son violon. Le vent d'hiver souffle, et la nuit est sombre,  Des gémissements sortent des tilleuls ; Les squelettes blancs vont à travers l'ombre, Courant et sautant sous leurs grands linceuls.

Description musicale : Les 12 coups de minuit sont annoncés par les 12 notes jouées par la harpe. Puis on entend, par les pizzicati des violoncelles, de mystérieux pas s'approcher... Alors, un air de violon, un peu chancelant et symbolisant la Mort, ouvre la fête qui débute par une mélodie de valse interprétée par la flûte traversière. Pour représenter les os des squelettes s'entrechoquant, Saint-Saëns fait entrer pour la première fois le xylophone dans la nomenclature de l'orchestre. Après l'animation débridée et éclatante, le chant du coq, joué par le hautbois, ramène tout le monde dans sa tombe...

Contexte : Depuis les romans de Walter Scott, beaucoup d'artistes romantiques ont été attirés par les paysages nordiques, tourmentés et mystérieux. A l'été 1829, Félix Mendelssohn voyage en Grande-Bretagne. Il est fortement marqué par la beauté du site de la Grotte de Fingal. La vision se déroule dans l'archipel des Hébrides, au large de l’Écosse. C'est ce souvenir qui est mis en musique dans son Ouverture des Hébrides composée à Rome durant l'hiver 1830-31, et préalablement intitulée Die einsame Insel (L'île solitaire).

Description musicale : La mélodie principale est confiée aux cordes graves (violoncelles, contrebasses). Elle ouvre cette partition aux allures de poème symphonique : le compositeur y décrit les murmures de la mer, le climat embrumé et les flots claquant contre les parois des rochers.

Contexte : Inspiré du poème Der wilde Jäger de Gottfried August Bürger (poète allemand de la fin du XVIIIe siècle), Le Chasseur maudit de César Franck fut créé en 1883 à Paris.

Description musicale : L’œuvre nous plonge au cœur de la chasse et se décompose en 4 épisodes.

1) Un dimanche matin, les sons joyeux du carillon des cloches et les chants religieux se font entendre dans le lointain. Un comte rhénan sonne le cor. - 2) La chasse s'élance à travers les blés, les prairies et les landes. L'orchestre entame un allegro vaillant ! - 3) Soudain, le comte se retrouve seul et son cheval s'immobilise. Une voix lugubre s'élève : "Sacrilège, sois poursuivi à jamais par l'enfer !". - 4) Des flammes jaillissent de tous côtés. Le comte, terrifié, s'enfuit, harcelé par les démons le jour à travers les abîmes, et la nuit à travers les cieux...

Contexte : Les Tableaux d'une Exposition, furent composés pour le piano en 1874 par Moussorgski à Saint-Pétersbourg. Ils ont pour point de départ une exposition à l'Académie des Beaux-Arts rendant hommage au peintre et architecte Viktor Hartmann, après son décès soudain à 39 ans. L’œuvre est aussi connue pour l'orchestration de Ravel en 1922.

Description musicale : Moussorgski, dans cette musique à programme, décrit une déambulation parmi des tableaux (Promenade, Gnomus, Bydlo, Grande Porte de Kiev...), changeant d'ambiance selon l'inspiration évoquée par chaque œuvre. Les différents dessins et aquarelles furent d'ailleurs exécutés lors de voyages de Hartmann.

Contexte : A la suite du poème symphonique Les Fontaines de Rome (1916), Ottorino Respighi composa Les Pins de Rome en 1923-24. L’œuvre se divise en quatre parties, évoquant différents lieux et atmosphères de la ville et ses environs :

1. I pini della Villa Borghese illustre les jeux d'enfants dans les jardins de la Villa Borghèse.

2. Pini presso una catacomba crée un imaginaire plein de mystère à partir de l'ombre des pins qui se projette sur l'entrée d'une catacombe.

3. Pini del Gianicolo se déroule la nuit, sur le mont Janicule, avec en fond le chant d'un rossignol.

4. I pini della Via Appia (notre exemple) décrit, sur les pavés de la Voie Appienne, le mouvement de la marche des Armées consulaires qui s'approchent, puis défilent triomphalement vers le Capitole.

Description musicale : Rythme sourd, cor anglais fantomatique, appel des cuivres et des buccins... Le compositeur met en œuvre son talent d'orchestrateur, de coloriste et de mélodiste pour nous faire vivre par la musique un épisode à la gloire de la Rome antique.

Contexte : Compositeur et claveciniste, Jean-Philippe Rameau est né à Dijon le 25 septembre 1683. Il est le 7ème enfant d'un père organiste, dans une famille qui en compte 11. Faisant son éducation au collège des Jésuites, il se désintéresse de ses études générales, et porte son intérêt sur la musique. Très prolifique, il développera une science musicale exceptionnelle, dont il livrera les apports dans des traités de théorie de la musique.

Description musicale : Dans le 3e Livre de pièces de clavecin de Rameau, publié en 1728, se trouve : La Poule. Cette partition en sol mineur et à 3 temps, imite joyeusement les "co-co-co" caractéristiques d'une poule qui caquette et se déplace.